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ReSAKSS ATOR a été publié

La Conférence du ReSAKSS qui s’est tenue à Accra, Ghana, a souligné les conclusions essentielles tirées de du dernier Rapport Annuel du RESAKSS sur les Tendances et les Perspectives (ATOR) . Le rapport de cette année est axé sur le statut actuel de la nutrition en Afrique – y compris les progrès réalisés par rapport aux cibles de la nutrition de Malabo – et sur les méthodes de renforcement et d’amélioration du secteur agricole permettant d’assurer une nutrition de qualité pour tous.

Selon le chapitre 12 du rapport, la faim et la malnutrition sont en baisse dans toute la région depuis le lancement du Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) en 2003. Plus spécifiquement, nous avons constaté une baisse significative de la prévalence de la malnutrition dans la population en général et de la prévalence de l’insuffisance pondérale, du retard de croissance et de la malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans – qui sont des indicateurs du PDDAA et des cibles importantes de la nutrition mondiale. Le taux de malnutrition à travers la région a baissé de 24,3 pour cent de la population en 1995-2003 à 16,3 pour cent en 2015. De même, l’insuffisance pondérale chez l’enfant, le retard de croissance et la malnutrition, ont également baissé entre ces périodes – de 24,7 pour cent à 20 pour cent pour l’insuffisance pondérale, 41,9 pour cent à 35,6 pour cent pour le retard de croissance et 10,8 pour cent à 9,3 pour cent pour la malnutrition. Le chapitre 12 rapporte que ces améliorations étaient plus marquées dans les pays qui ont lancé le PDDAA depuis longtemps et qui ont atteint des niveaux plus élevés de mise en œuvre.

Cependant, le chapitre 12 souligne que ces améliorations ont été lentes et que des millions de personnes à travers la région souffrent encore de la faim et de la malnutrition. De plus, comme cela a été souligné pendant la session parallèle animée par l’IFPRI lors de la conférence, il reste des lacunes substantielles dans la recherche concernant la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le cadre du PDDAA. Ainsi, une grande partie du reste de l’ATOR de cette année souligne le besoin d’intégrer la nutrition dans divers secteurs (y compris l’agriculture), pour inclure les indicateurs de nutrition dans les systèmes nationaux de suivi/évaluation et pour étendre efficacement la mise en œuvre et la coordination des programmes et des politiques sensibles à la nutrition à travers les secteurs.

Le chapitre 5 discute de la manière dont les pays africains peuvent améliorer leurs systèmes agricoles et alimentaires pour mieux faire face aux défis de la nutrition. Selon les auteurs, l’agriculture est étroitement liée à la fois aux causes directes de la malnutrition (régimes alimentaires, pratiques de nutrition et santé globale) et aux facteurs sous-jacents entraînant la malnutrition (revenus, sécurité alimentaire, accès à l’eau potable, assainissement et services de santé, égalité de genre). Ainsi, le secteur agricole a le potentiel de susciter des améliorations majeures dans la nutrition en Afrique – mais seulement si la nutrition est prise en considération dans la formulation des politiques et programmes agricoles.

Le chapitre utilise la recherche récente en cours pour fournir plusieurs recommandations visant à accélérer l’intégration de la nutrition dans les systèmes agricoles et alimentaires :

  1. La connaissance, les données probantes, la communication et le plaidoyer : Les auteurs du chapitre soulignent la nécessité de mieux convaincre les décideurs politiques à travers la région de l’importance d’intégrer la nutrition dans l’agriculture. Plus spécifiquement, plus de données sont nécessaires pour prouver que, plutôt que de créer un fardeau financier, investir dans la nutrition peut effectivement apporter des rendements économiques élevés sous forme de réduction des coûts des soins de santé et d’augmentation de la productivité du travail. Des objectifs nutritionnels clairs, des indicateurs et des plans d’action, doivent aussi être établis et alignés avec d’autres plans multisectoriels nationaux, y compris les plans d’investissement nationaux. Enfin, les programmes de suivi/évaluation des pays doivent être améliorés afin de déceler ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas ; et les décideurs politiques doivent être tenus responsables d’atteindre les objectifs liés à la sécurité nutritionnelle.
  2. Programmes, politiques et gouvernance : En plus de mieux intégrer la nutrition dans le secteur agricole, les décideurs politiques africains doivent créer des politiques et programmes cohérents, coordonnés, à travers plusieurs autres secteurs et à travers tous les niveaux du gouvernement local et national. Par exemple, de nombreux pays en Afrique sont actuellement confrontés à des maladies non transmissibles liées au régime alimentaire telles que le diabète et l’obésité. Ce nouveau défi est en grande partie dû à l’augmentation des revenus, à l’urbanisation et à l’intégration dans les marchés mondiaux, qui ont tous orientés les schémas de consommation vers les aliments riches en lipides et en glucides et vers les produits transformés. Ainsi, les politiques sont nécessaires pour faire face à la commercialisation et à l’étiquetage des denrées alimentaires, pour augmenter la conscience des consommateurs sur les choix des aliments nutritionnels, et pour améliorer l’accès aux aliments nutritifs dans les zones urbaines et rurales. Le chapitre 5 souligne la nécessité pour les gouvernements de fournir des motivations au secteur privé pour une production d’aliments plus sains et pour la promotion de choix plus sains chez les consommateurs.
  3. Capacité et financement : Pour améliorer les indicateurs de nutrition à travers la région, il convient de mettre en place un renforcement des capacités et un développement des connaissances, aux niveaux collectifs (au niveau des politiques) et individuels. L’amélioration du renforcement des capacités inclut l’augmentation du nombre, de la formation et de la portée géographique, des agents de vulgarisation agricole ; l’apport d’une éducation sur le terrain aux agriculteurs ; et un meilleur ciblage des services d’éducation et de vulgarisation parmi les femmes. Pour améliorer les capacités en ressources humaines, il faut également de l’argent. Le chapitre 5 appelle les gouvernements à mieux suivre leurs dépenses agricoles et à identifier les interventions de la nutrition qui sont appropriées au contexte de leurs pays afin de mieux déterminer les coûts de ces programmes. Les défis d’un financement approprié de la nutrition incluent : le manque d’informations publiques disponibles et désagrégées concernant les programmes de nutrition existants aux niveaux local et national ; un désaccord sur la question de savoir quels indicateurs mesurer ; et une structure complexe d’acteurs locaux et nationaux, d’institutions, d’agences gouvernementales et de programmes.

Selon les conclusions du rapport, la production agricole fournit le chemin le plus direct pour améliorer la nutrition en Afrique. Cependant, il convient de mettre l’accent sur l’augmentation de la sensibilisation et sur l’amélioration de la rentabilité des aliments sains. Les programmes et politiques devraient se centrer sur la stimulation de la demande d’aliments nutritifs en augmentant ainsi les motivations des producteurs pour cultiver ces aliments, ainsi que sur la réduction de la demande d’options moins saines à travers plus d’éducation et de sensibilisation.

Tous ces objectifs nécessiteront une approche coordonnée des systèmes agricoles et alimentaires de la région. Le PDDAA fournit un tel cadre, bien que des écarts importants persistent concernant la manière dont la nutrition est mesurée et suivie.

Le rapport se termine avec une série de 12 recommandations visant à améliorer la nutrition en Afrique :

  1. Faire de la nutrition une priorité aux plus hauts niveaux du gouvernement ;
  2. Augmenter la sensibilisation à la nutrition des programmes et politiques agricoles existants et futurs, et s’assurer que les indicateurs de nutrition sont inclus dans les plans de suivi/évaluation ;
  3. Des efforts coordonnés à travers les secteurs agricoles, sanitaires, d’assainissement et de l’éducation, pour inclure les cibles de la nutrition ;
  4. Créer des plans nationaux de croissance et de développement qui incluent à la fois des programmes spécifiques à la nutrition et des programmes sensibles à la nutrition et qui se penchent sur l’amélioration des chaînes de valeur agricoles, à la fois pour fournir des aliments sains et pour améliorer les conditions de vie rurales ;
  5. Réviser les politiques agricoles, alimentaires et commerciales en vigueur de manière à identifier les domaines dans lesquels les réformes doivent être appliquées pour améliorer l’accès et la disponibilité des aliments nutritifs ;
  6. Créer un environnement favorable pour soutenir les objectifs de nutrition et de santé ;
  7. Se centrer sur la R&D agricole pour réduire les pertes et les gaspillages post-récolte, promouvoir la diversification de la production agricole en cultures plus nutritives, et améliorer les options de stockage et de transport pour augmenter la durée de conservation et la qualité des aliments sains;
  8. Réduire l’exposition aux parasites et aux mycotoxines telles que l’aflatoxine, dans la chaîne de valeur alimentaire ;
  9. Utiliser la prise de décision basée sur des données probantes pour établir des politiques agricoles et nutritionnelles ;
  10. Développer des capacités de leadership pour mieux coordonner la multitude d’intervenants et d’agences de la région et équilibrer les priorités et les objectifs concurrents ;
  11. Renforcer les capacités des organismes de formation en Afrique pour assurer la mise à disposition de chercheurs qualifiés, d’agents de vulgarisation et autres experts en nutrition ; et
  12. Définir des cibles de la nutrition spécifiques, mesurables, pertinentes et réalisables ; ceci entraînera une amélioration du nombre et de la qualité des données, ainsi qu’une amélioration des programmes et de la transparence des systèmes de suivi/évaluation.