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Le Sud Soudan et la Somalie confrontés à des conditions de famine

De nouveaux rapports de FEWS Net et du cadre Intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) soulignent la menace constante de famine au Sud Soudan. Selon le rapport de l’IPC, émis le 20 février, on estime que près de 5 millions de personnes sont dans une situation de nécessité d’assistance alimentaire ; ce qui représente 42 pour cent de la population du Sud-Soudan. On estime que 100.000 personnes sont confrontées à des conditions de famines localisées (IPC Phase 5 du niveau d’insécurité alimentaire).

Les zones comprenant les plus grandes proportions de personnes en situation de crise (IPC Phase 3), d’urgence (IPC Phase 4) et de catastrophe (IPC Phase 5), sont le nord du Bahr el Ghazal et l’Etat de l’Unité. Dans l’Etat de l’Unité, la famine a été déclarée dans les comtés de Leer et Mayendit et elle est probable au comté de Koch ; l’IPC rapporte que la famine au comté de Panyijar ne pourra être évitée que si l’assistance alimentaire humanitaire est livrée comme prévue.

Le conflit civil en cours est la raison de la détérioration de la sécurité alimentaire au Sud-Soudan, selon les deux rapports. Depuis juillet 2016, près de deux millions de personnes ont été déplacées et plus de 450.000 personnes ont fui le pays. Le conflit a interrompu les plantations et les récoltes, limitant ainsi l’accès de nombreux ménages aux aliments et aux revenus. FEWS Net rapporte que la production de produits de base en 2016 était inférieure à la moyenne dans de nombreuses zones.

Dans des zones particulièrement touchées par les conflits, l’aide humanitaire est devenue la principale source d’aliments. Cependant selon l’IPC, l’accès à l’aide humanitaire a été sévèrement restreint dans ces zones, ce qui signifie que l’aide alimentaire cruciale ne peut pas atteindre les personnes qui sont le plus dans le besoin. Dans les zones sud de l’Etat d’Unité, un enfant sur trois est actuellement en situation de malnutrition aigüe.

Plusieurs facteurs macroéconomiques sont aussi en jeu dans les augmentations importantes des prix des aliments du pays. Les revenus provenant du pétrole ont chuté depuis 2014, menant à une forte baisse des réserves de devises étrangères et à une dévaluation de la livre sud-soudanaise. Les flux commerciaux normaux ont été interrompus à la fois au Sud-Soudan et de la capitale vers les autres zones du pays ; dans certaines zones, les prix du sorgho au détail sont quatre fois plus élevés que ceux enregistrés l’année précédente et sont 10 à 15 fois plus élevés qu’en novembre 2013, avant l’éclatement du conflit.

FEWS Net prédit que la situation d’insécurité alimentaire va se détériorer encore plus pendant la saison creuse (février-juillet). Dans le pire des cas, avec l’augmentation des conflits qui continuent de perturber les moyens de subsistance, le Sud-Soudan va probablement connaître une famine plus grave au cours de l’année 2017.

La Somalie risque aussi de se retrouver dans une situation de famine en 2017, selon FEWS Net. L’insuffisance des pluies en octobre-décembre 2016 a sévèrement diminué la disponibilité des aliments ; certaines parties du pays ont reçu moins de 40 pour cent des pluies saisonnières. En 2016, la région de Bay a connu sa période de sécheresse la plus dure depuis 2001, alors que la région de Bari a connu sa saison la plus sèche depuis 1985.

Les productions agricoles et animales ont toutes deux souffert des faibles précipitations. Selon FEWS Net, la sécurité alimentaire en Somalie va probablement continuer à se détériorer dans les mois à venir ; la saison des pluies 2017 du Gu, qui commence en avril, sera aussi probablement faible, ce qui va encore baisser le niveau de sécurité alimentaire dans le pays. Si les faibles précipitations persistent, les ménages connaîtront des baisses supplémentaires de leur pouvoir d’achat ; dans ce scénario, si l’aide humanitaire ne peut atteindre les populations dans le besoin de manière suffisante, FEWS Net prévoit une famine probable, particulièrement dans les zones agricoles et agropastorales du Sud et dans les zones pastorales du nord.