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Ravageurs menacent la sécurité alimentaire

Une réunion d’urgence organisée cette semaine à Harare, au Zimbabwe, sera axée sur la propagation de la chenille légionnaire à travers la plus grande partie de l’Afrique australe. Des experts provenant de 13 pays rejoindront la FAO, le Centre International pour l’Agriculture et les Biosciences (CABI), la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et l’Organisation internationale de lutte contre le criquet rouge en Afrique centrale et australe (IRLCO-CSA) pour discuter de la manière dont cet insecte nuisible peut être arrêté d’une manière écologiquement viable.

La chenille légionnaire, native des Amériques, est nouvelle sur le continent Africain ; elle est apparue pour la première fois en 2016. Cet insecte nuisible, qui s’attaque au méristème des plantes, a été particulièrement dévastateur pour les cultures de maïs dans la région. D’autres cultures de base importantes, y compris le blé, le sorgho, la canne à sucre, la graine de soja, l’alfalfa et le mil, peuvent aussi être endommagées. Selon la FAO , la chenille légionnaire peut causer jusqu’à 73 pour cent de perte des cultures. Elle représente une menace sérieuse à la sécurité alimentaire de la région car les cultures de base comme le maïs représentent une grande partie du régime alimentaire des habitants.

La FAO a déclaré dans ses rapports que des invasions potentielles de la chenille légionnaire ont été signalées au Malawi, au Mozambique, en Namibie, en Afrique du Sud et en Zambie. Le Zimbabwe a, quant à lui, confirmé la présence de l’insecte. De plus, le CABI a clairement identifié l’insecte au Ghana, et les scientifiques du CABI s’attendent à ce que la chenille légionnaire continue à se multiplier rapidement à  travers le continent.

La lutte contre cet insecte représente un défi. Les pesticides chimiques peuvent être efficaces, mais l’insecte a développé une certaine résistance aux pesticides dans son Amérique natale ; ainsi, il est difficile de le contrôler avec un seul type de pesticide. L’utilisation très répandue des pesticides chimiques soulève également des préoccupations concernant les dégâts environnementaux et les pertes correspondantes de productivité agricole. Ainsi, la réunion de cette semaine sera centrée sur la manière dont l’invasion peut être contrôlée de manière plus durable. Le CABI prévoit d’utiliser les leçons apprises des agriculteurs en Amérique pour former les agents de vulgarisation agricole à travers l’Afrique ; ces services de vulgarisation formeront les agriculteurs africains sur les stratégies intégrées de lutte antiparasitaire qui combinent des méthodes biologiques et naturelles.

Le renforcement de la surveillance et des interventions d’urgence transfrontalières sera aussi un axe majeur de la réunion de cette semaine à Harare. D’après David Phiri, Coordinateur sous-régional de la FAO pour l’Afrique Australe, la région est actuellement confrontée à des menaces sérieuses provenant d’une variété de nuisibles et de maladies transfrontalières. C’est pourquoi il convient de mettre en œuvre des actions coordonnées à travers les pays pour améliorer les capacités nationales et régionales d’identification, de diagnostic et de réponse face à ces menaces.

L’Afrique australe est déjà confrontée à des problèmes de sécurité alimentaires en raison de deux années consécutives de sécheresse induite par el Niño. La FAO estime que les mauvaises conditions climatiques ont réduit la disponibilité des aliments dans la région de 15 pour cent et ont entraîné un déficit en céréales de 9 millions de tonnes.