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La subvention des engrais au Ghana

Les subventions visant à promouvoir l’utilisation des engrais sont devenues très populaires en Afrique sub-saharienne afin d’augmenter la production agricole de la région qui reste largement insuffisante. Cependant, de nouvelles recherches au Ghana , publiées dans la revue Food Security , suggèrent que ces subventions des engrais ne suffisent pas pour encourager une plus importante application des engrais et une augmentation de la productivité agricole.

Selon cette étude, bien que le maïs représente 20 pour cent de l’apport calorique et occupe 13 pour cent de l’ensemble des terres cultivées en Afrique sub-saharienne, les rendements du maïs dans la région restent les plus faibles au monde – à peine 0,5 à 2,5 tonnes par hectare (en comparaison avec la moyenne mondiale de 6 à 7 tonnes par hectares). Ces faibles rendements peuvent être attribués principalement à l’appauvrissement des nutriments du sol et à l’utilisation très répandue de variétés de maïs possédant un faible rendement. Pour s’attaquer à cette première cause, les efforts des décideurs politiques et des acteurs du développement se sont penchés sur l’augmentation de l’utilisation des engrais à travers des programmes de subvention des prix. Ces programmes visent à réduire le coût des engrais pour les agriculteurs pauvres, en encourageant ainsi plus d’agriculteurs à adopter les engrais modernes et, espérons-le, en augmentant à la fois les rendements des cultures et les revenus agricoles.

Depuis 2008, le gouvernement du Ghana utilise son programme de subvention des engrais pour réduire les coûts des engrais pour les petits exploitants agricoles, avec l’objectif ultime d’augmenter l’utilisation des engrais sur les céréales de base et l’objectif plus général d’augmenter les rendements. Le programme a évolué progressivement depuis lors, avec des coûts annuels qui ont triplé au point d’atteindre la somme de 60 millions en 2012, selon le Ministère ghanéen de l’Alimentation et de l’Agriculture. Cependant, malgré ces dépenses, la consommation d’engrais au Ghana reste bien en dessous de la moyenne de la région.

Pour comprendre pourquoi l’adoption des engrais au Ghana reste faible, cette dernière étude utilise des données transversales provenant de 645 parcelles de maïs au Ghana afin de fournir des données empiriques sur les questions telles que : Comment les rendements du maïs répondent-ils à l’application des engrais ? Quelle est la profitabilité de l’utilisation des engrais pour les agriculteurs ? Quel est l’impact du programme de subvention des engrais du Ghana sur la dynamique de l’utilisation des engrais ?

L’étude montre que les rendements du maïs ont répondu de manière positive à l’augmentation de l’application des engrais. L’application d’un kilo d’engrais azoté a permis une augmentation du rendement de 22 à 26 kg/ha dans les régions nord et sud du pays. De plus, les auteurs ont montré que l’application des engrais à la culture du maïs est rentable pour les agriculteurs du Ghana, que cela soit aux prix du marché ou aux prix subventionnés. Cette conclusion reste vraie pour les différents sites, les différentes pratiques agricoles et les différents types de semences (semences traditionnelles/semences modernes ; semences certifiées/semences non certifiées).

Malgré ces impacts positifs sur l’utilisation des engrais, le taux d’application de l’engrais azoté dans les zones étudiées n’atteint en moyenne que 44 kg/ha, un niveau nettement inférieur à ceux recommandés par le gouvernement et l’institut national de recherche (90 kg/ha) et inférieur au niveau de l’optimum économique (225 kg/ha).

Les auteurs identifient plusieurs autres facteurs qui semblent constituer les principaux blocages à l’augmentation de l’utilisation de l’engrais et de la productivité agricole. Ces facteurs incluent l’accessibilité aux variétés de semences modernes, le coût des variétés de semences certifiées, le degré de mécanisation agricole, l’accès au travail rémunéré, l’accès aux services de vulgarisation, le degré de commercialisation d’un ménage et son accès au marché. Lorsque ces facteurs sont favorables, l’étude montre que les agriculteurs sont plus susceptibles d’adopter à la fois les engrais et les variétés de semences modernes, ces deux éléments ayant le potentiel d’améliorer la productivité agricole.

En termes d’implication politique, les auteurs suggèrent l’adoption de mesures supplémentaires pour accompagner les subventions étant donné que de nombreux facteurs autres que les prix limitent l’adoption des engrais. Les auteurs recommandent que les décideurs politiques au Ghana et dans la région dans son ensemble, adoptent une approche plus intégrée, plus holistique, pour encourager l’application des engrais et induire la croissance de la productivité agricole. Une telle approche devrait améliorer l’accès aux intrants complémentaires tels que les variétés de semences modernes et la mécanisation agricole, et augmenter la portée et la qualité des services de vulgarisation agricole.