Lorsque les gens pensent aux intrants agricoles, ils pensent souvent à des facteurs comme les engrais et les semences. Mais plus important que tous ces intrants, il y a quelque chose de beaucoup plus simple : l'eau. L'eau est une ressource vitale pour les cultures, mais les précipitations irrégulières ou rares dans de nombreuses régions du monde réduisent considérablement la production de cultures et de bétail. L'eau est également d'une importance vitale pour la santé et le bien-être de l'homme. L'accès à l'eau potable pour la boisson et l'hygiène peut prévenir des maladies comme la diarrhée et les infections parasitaires, et l'utilisation de l'irrigation peut aider les agriculteurs à cultiver des fruits et légumes plus nutritifs et peut stabiliser la production et la disponibilité des aliments pendant les saisons sèches.
En Afrique au sud du Sahara (ASS), plus de 60 % de la population vit dans des zones rurales où l'agriculture pluviale est la principale ou la seule source de revenus. Seulement 6 % des surfaces cultivées de l'ASS sont actuellement irriguées... Un récent document de travail de l'IFPRI, rédigé par Laia Domènech, intitulé "Un accès fiable à l'eau est-il la solution à la sous-alimentation ? Un examen du potentiel de l'irrigation pour résoudre les problèmes de nutrition et de disparités entre les sexes en Afrique au sud du Sahara ", soutient qu'il existe un grand potentiel d'expansion de l'irrigation en Afrique au sud du Sahara et qu'un tel développement pourrait avoir d'importantes ramifications pour la sous-nutrition dans la région.
Bien que le lien entre la qualité de l'eau et la santé ait été clairement établi, l'étude met en garde contre le fait que la littérature existante ne fournit pas suffisamment de preuves pour établir un lien définitif entre l'irrigation et l'amélioration des résultats nutritionnels. Toutefois, Domènech identifie plusieurs façons dont l'irrigation peut probablement améliorer le bien-être des populations pauvres en ASS. Tout d'abord, l'irrigation peut contribuer à fournir des régimes alimentaires plus diversifiés et plus nutritifs grâce à l'augmentation de la productivité agricole et à la diversification des cultures. L'irrigation peut également contribuer à générer davantage de revenus, car une productivité accrue entraînera une augmentation des ventes sur le marché et la création d'emplois. Enfin, l'irrigation peut renforcer l'autonomie des femmes rurales en augmentant leur propriété des biens et leur contrôle sur les ressources naturelles, et en réduisant le temps qu'elles consacrent à la collecte de l'eau pour les exploitations agricoles et l'usage domestique.
Domènech présente également six facteurs qui, selon elle, peuvent être utilisés pour rendre les programmes de développement de l'irrigation plus axés sur la nutrition :
- La sécurité alimentaire et la nutrition devraient être incluses dans les objectifs déclarés des programmes d'irrigation ;
- Les programmes de formation et les campagnes de sensibilisation devraient être menés en conjonction avec les interventions d'irrigation. Ces campagnes devraient promouvoir une production et une consommation alimentaires plus nutritives et souligner comment une eau propre peut minimiser les risques pour la santé ;
- Les multiples utilisations de l'eau d'irrigation, telles que l'eau potable et l'assainissement, devraient être mises en avant ;
- L'autonomisation des femmes et leur participation aux programmes d'irrigation devraient être encouragées ;
- La production de nourriture à domicile devrait être encouragée ; et
- Il convient d'encourager la coordination entre les différents secteurs, tels que l'agriculture, la nutrition, la santé, l'approvisionnement en eau et l'assainissement, et l'éducation.
