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Changement Climatique et Genre : Comment les Agricultrices Peuvent S'adapter

Face au changement climatique mondial, les agriculteurs des pays en développement sont désormais confrontés à de graves risques pour leurs moyens de subsistance et leur bien-être. Les actifs de tous types - des assurances et des équipements agricoles au bétail et aux droits fonciers - ont un rôle important à jouer pour aider les populations à faire face à ces risques climatiques toujours croissants. En outre, il sera essentiel que les membres des communautés travaillent collectivement pour s'adapter à l'évolution de leur environnement local.
Mais pour de nombreuses agricultrices des pays en développement, l'accès à des biens importants et à des groupes communautaires est limité, ce qui les désavantage, ainsi que l'ensemble de leur famille, lorsqu'il s'agit de faire face aux risques climatiques. Le programme "Gender and Assets" de l'IFPRI vise à aider ces femmes rurales à mieux gérer leurs risques grâce à un projet intitulé "Enhancing Women's Assets to Manage Risk under Climate Change" : Potential for Group-Based Approaches". Le projet se concentre sur les agricultrices et les pasteurs pauvres en Afrique au sud du Sahara et en Asie du Sud, en particulier en Éthiopie, au Kenya, au Mali et au Bangladesh. En octobre, le projet a publié un recueil de 15 notes politiques qui explorent des moyens innovants de protéger ou de renforcer le contrôle des femmes sur des biens importants tels que les ressources naturelles, les droits à la terre et à l'eau et le pouvoir collectif.

Dans la première note de la série, " Genre, changement climatique et approches d'adaptation basées sur les groupes ", les auteurs Julia Behrman, Elizabeth Bryan et Amelia Goh expliquent que le changement climatique et les chocs climatiques ont un impact très différent sur les hommes et les femmes en termes de production agricole, de sécurité alimentaire, de santé, d'accès aux ressources naturelles et autres biens, et de capacité à se remettre des conflits et des catastrophes naturelles. Par exemple, les agriculteurs des deux sexes ont tendance à investir plus de temps et d'efforts dans leurs exploitations en période de choc climatique ; cependant, comme les femmes assument souvent la plus grande partie des responsabilités domestiques, comme la cuisine et les soins aux enfants, cela signifie que leur charge de travail finit par être beaucoup plus lourde que celle des agriculteurs masculins. De même, comme les femmes des pays en développement n'ont souvent pas accès aux technologies et aux intrants agricoles (comme le matériel agricole, l'irrigation et les semences améliorées), elles sont généralement moins capables de s'adapter avec succès aux conditions climatiques changeantes que les agriculteurs masculins. Alors que les hommes ont tendance à chercher du travail supplémentaire en période de choc climatique et de baisse de la productivité agricole, les femmes vendent souvent des biens comme des bijoux ou du bétail, ou réduisent leur propre consommation alimentaire pour protéger la sécurité alimentaire de leur ménage.

Cette note analyse également la manière dont les hommes et les femmes s'engagent dans les efforts d'adaptation au niveau communautaire. Pour de nombreux partis politiques et organisations de producteurs dans les pays en développement, les membres doivent posséder des terres ou d'autres biens ; comme la propriété de ces biens est souvent limitée pour les femmes, leur capacité à participer à l'action communautaire sur le changement climatique l'est également. Et lorsque les femmes sont en mesure de prendre part à une action collective, leurs priorités diffèrent souvent de celles des hommes. Par exemple, comme les femmes consacrent plus de temps aux tâches domestiques, elles sont susceptibles de favoriser des stratégies d'adaptation collectives qui les maintiennent près de chez elles et qui se concentrent sur les préoccupations de sécurité alimentaire à long terme ; ces stratégies pourraient inclure des jardins communautaires, la collecte des eaux de pluie et des pratiques de stockage améliorées. Les hommes, en revanche, peuvent être plus enclins à se concentrer sur des stratégies axées sur le travail ou le marché, comme l'utilisation accrue d'intrants agricoles.

Une autre note, " La diffusion des technologies agricoles au sein des réseaux sociaux : Preuves du compostage en Malaisie" (rédigée par Lori Beaman et Andrew Dillon), constate que l'utilisation de réseaux sociaux informels pour diffuser des informations sur les pratiques agricoles améliorées peut, dans certains cas, exacerber les inégalités entre hommes et femmes. Afin d'améliorer les connaissances des agriculteurs maliens et leur compréhension du compostage, des calendriers contenant des informations sur le compostage ont été distribués au hasard parmi les ménages qui avaient un grand nombre de liens sociaux ou qui avaient une grande influence sur leur réseau social. Les auteurs ont ensuite observé dans quelle mesure les ménages qui n'avaient pas reçu de calendrier ont quand même acquis des connaissances sur le compostage grâce à leurs contacts sociaux informels. Pour les besoins de cette étude, le "réseau social" a été défini comme les personnes avec lesquelles un ménage s'entretenait fréquemment au sujet de l'agriculture ou avec lesquelles un ménage avait des transactions financières, des parents ou des organisations auxquelles un ménage était affilié. Si la diffusion globale des connaissances semble dépendre de la distance qui sépare un ménage du propriétaire du calendrier, la distance semble jouer un rôle plus important pour les femmes. Les auteurs ont constaté que les femmes qui se trouvaient à quatre liens du ménage d'origine propriétaire du calendrier avaient 79 % de connaissances en moins sur le compostage que leur homologue féminine dans ce ménage, tandis que les hommes qui se trouvaient à quatre liens n'avaient que 35 % de connaissances en moins. Cette conclusion implique que les questions d'exclusion sociale, fondées sur le sexe ainsi que sur d'autres facteurs, doivent être prises en compte dans la conception des futures politiques visant à diffuser les stratégies d'adaptation au changement climatique.

Source: ifpri.org