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Le Changement Climatique et les Petits Exploitants Agricoles en Afrique au Sud du Sahara

Les petits exploitants agricoles produisent 80 % de la nourriture en Afrique au sud du Sahara et jouent un rôle important dans l'économie de la région. Mais le changement climatique impose des contraintes plus importantes aux méthodes agricoles traditionnelles, et les agriculteurs, grands et petits, doivent trouver des moyens de s'adapter à ce nouvel environnement.

Dans le deuxième numéro de son rapport sur la situation de l'agriculture en Afrique, l'Alliance Agra renouvelle son appel en faveur d'une agriculture intelligente sur le plan climatique, c'est-à-dire de technologies et de pratiques qui aideront les petits exploitants à s'adapter à l'évolution des conditions météorologiques et à réduire leur propre contribution au changement climatique. Le rapport met notamment l'accent sur l'importance de la fertilité des sols et de la nutrition des plantes, et souligne le fait que des changements dans les politiques régionales et mondiales, les institutions et les mécanismes financiers devront avoir lieu pour que l'agriculture intelligente face au climat puisse réellement s'implanter. Le rapport appelle à une plus grande coordination entre les efforts du sommet et ceux de la base afin de tirer parti de manière égale des ressources et du pouvoir décisionnel des gouvernements et des organisations internationales, ainsi que des connaissances et de l'influence locale des agriculteurs et des organisations régionales.

Le rapport formule également une série de recommandations qui s'inscrivent dans cinq grandes catégories.
1.    La promotion d'approches et de solutions agroécologiques intelligentes en matière de climat et adaptées aux conditions locales spécifiques. Ces solutions pourraient être progressives, comme l'introduction de variétés de semences améliorées ou l'élargissement des programmes d'assurance et de protection sociale, ou plus spectaculaires, comme l'abandon de la production végétale au profit de l'élevage.
2.    Renforcement des institutions locales, régionales et nationales pour soutenir une agriculture respectueuse du climat. Cela comprendrait la promotion des organisations de producteurs, la fourniture de services de vulgarisation agricole et la collaboration entre les gouvernements, les entreprises du secteur privé et les organisations de développement.
3.    Amélioration des capacités techniques et des systèmes de gestion des connaissances liés aux pratiques agricoles respectueuses du climat. Le rapport souligne la nécessité de développer la coopération Sud-Sud et l'intégration régionale existante afin de renforcer l'éducation et la formation des agriculteurs. En outre, les possibilités d'éducation et de formation doivent être élargies pour inclure les femmes et les jeunes ruraux.
4.    Accroître les investissements nationaux dans l'agriculture. Cela pourrait inclure l'octroi de subventions ou de prêts, et l'allocation d'une part plus importante des budgets nationaux à l'agriculture.
5.    La création d'options de financement innovantes. L'utilisation de l'assurance contre les intempéries et du crédit agricole sera importante pour aider les petits exploitants agricoles à atténuer les risques auxquels ils sont confrontés du fait du changement climatique. Le soutien financier des donateurs bilatéraux et des institutions financières, ainsi que des organisations internationales de lutte contre le changement climatique telles que le Fonds vert pour le climat de la CCNUCC, peut jouer un rôle important.
Par exemple, le Kenya Agricultural Carbon Project vise à promouvoir une agriculture respectueuse du climat en réduisant les émissions de gaz à effet de serre du Kenya par la séquestration du carbone dans le sol ou en améliorant la capacité du sol à retenir le carbone plutôt qu'à le libérer dans l'atmosphère. Le projet a utilisé des crédits carbone et une équipe spécialisée d'agents de vulgarisation et de groupes d'agriculteurs pour promouvoir une série de pratiques de gestion durable des terres agricoles (SALM) qui comprennent la gestion des résidus, des prairies et du fumier, les cultures de couverture, l'agroforesterie, le compostage et le terrassement. Ces pratiques ont été promues sur des terres cultivées ou des prairies dégradées, mais pas sur des zones humides ou des terres forestières. Les résultats du projet montrent que les petits exploitants agricoles qui ont utilisé les techniques SALM ont non seulement pu augmenter leurs rendements de maïs de 50 % pendant la saison des cultures à longues pluies (de 2009 à 2012), mais ils ont également pu utiliser les nouveaux stocks de carbone de leurs terres pour accéder aux marchés du carbone et ainsi générer davantage de revenus. Le projet a également contribué de manière significative à la restauration des terres dégradées dans l'ouest du Kenya.