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Une nouvelle stratégie de sécurité alimentaire s'impose au Burkina Faso

Dans le monde interconnecté de la sécurité alimentaire, les partenariats - entre les pays, les régions et les organisations de développement - peuvent jouer un rôle essentiel dans la réalisation de politiques fondées sur la recherche et les données probantes, afin d'accroître la résilience des systèmes alimentaires mondiaux et d'améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous. Dans cette optique, depuis 2014, l'IFPRI a organisé une série de dialogues sur les politiques alimentaires en Afrique au sud du Sahara, en collaboration avec divers partenaires régionaux dans le cadre du projet du Portail de la sécurité alimentaire. Cette série de publications sur le blog examine les conclusions de ces dialogues et met en évidence les leçons apprises et les prochaines étapes.

L'accès aux informations sur la sécurité alimentaire constitue un défi pour les décideurs des pays en développement à plusieurs égards. Premièrement, ces pays sont souvent confrontés à une pénurie de données fiables et opportunes concernant la situation réelle de la sécurité alimentaire et nutritionnelle "sur le terrain". Ensuite, même lorsque des informations fiables existent, elles sont souvent éparpillées et difficiles d'accès. Enfin, les décideurs politiques manquent souvent de la compréhension et de la coordination nécessaires pour faire bon usage des informations afin d'adopter des politiques appropriées pour lutter contre la faim, la malnutrition et la pauvreté.

En mars 2015, les acteurs de la sécurité alimentaire se sont réunis pour discuter de la manière de relever ces défis de front au Burkina Faso. Le dialogue politique, qui s'est tenu à Kaya, a été organisé par l'IFPRI et GRAD Consulting Group et s'est concentré sur les moyens d'améliorer le système d'information alimentaire du pays.

Au cours d'un débat animé par des représentants de la Direction de la formulation des politiques du ministère de l'Agriculture, de l'Institut national de recherche sur l'agriculture et l'environnement (INERA), de l'Université de Ouagadougou et de l'Université polytechnique de Bobo-Dioulasso, l'attention a été attirée sur le fait que la plupart des documents de politique et de stratégie de sécurité alimentaire du pays arriveront à échéance en 2015. Il existe un besoin urgent de données actualisées et précises pour étayer la formulation d'une nouvelle stratégie de sécurité alimentaire à l'échelle du pays. Actuellement, il est très difficile de faire des projections précises à long terme pour informer les nouvelles politiques et les nouveaux programmes qui s'attaqueront efficacement aux contraintes existantes en matière de sécurité alimentaire. Cela est dû en grande partie à des données peu fiables qui ne sont pas désagrégées au niveau des ménages et qui ne couvrent pas toutes les principales cultures vivrières.

Gilbert Yelemou, représentant du Secrétariat Exécutif / Conseil National de Sécurité Alimentaire (SE/CNSA), a souligné la nécessité de coordonner tous les acteurs de la sécurité alimentaire du pays dans la création, la mise en œuvre et le suivi d'une stratégie nationale de sécurité alimentaire et d'un plan national de préparation aux urgences. Il a appelé à une intensification du travail en réseau avec ses collègues du Mali, du Niger et du Sénégal afin de tirer des enseignements des expériences de ces pays, notamment en ce qui concerne leurs systèmes d'information sur la sécurité alimentaire. Il a également souligné la nécessité d'un plan de réponse national ciblant les populations vulnérables et en situation d'insécurité alimentaire à la fin de chaque saison agricole. L'un des plus grands défis pour le SE/CNSA, selon la présentation de Yelemou, est de faire passer le Burkina Faso d'une approche d'intervention d'urgence à une approche de résilience/développement, et de créer une base de données fiable axée sur les besoins et les conditions réels des populations vulnérables du pays.

Les panélistes ont également souligné la nécessité d'un engagement financier et politique accru pour améliorer les systèmes d'information du pays. Lorsque le contrôle politique change de mains, les nouveaux dirigeants peuvent ne pas comprendre la nécessité d'une collecte de données soutenue et continue. De même, de nombreux systèmes d'information sont gérés par des programmes de développement ; lorsque ces programmes prennent fin, il en va de même pour le financement de ces systèmes. Des sources de soutien financier plus soutenues sont nécessaires pour garantir la pérennité des systèmes d'information à long terme. Youssion Napon, représentant du Conseil national d'intervention d'urgence (CONASUR), a souligné ce point, appelant à la mise en œuvre d'un système d'information d'urgence centralisé qui soutiendra les capacités d'alerte précoce et la prise de décision de haut niveau en cas de risques et de crises humanitaires.

Le dialogue s'est conclu par plusieurs recommandations importantes. Premièrement, le Burkina Faso a un besoin urgent d'un système d'information de base, intégré et opérationnel avec une base de données accessible que toutes les parties prenantes ont la capacité et la formation pour utiliser. Deuxièmement, il est nécessaire de mettre en place des arrangements institutionnels appropriés et d'autres mesures pour assurer la diffusion en temps réel des informations produites dans tout le pays. Troisièmement, les parties prenantes et les décideurs politiques doivent s'engager dans des efforts visant à créer un cadre harmonisé pour la collecte et la diffusion des données à tous les systèmes d'information sectoriels. Enfin, un système de financement durable doit être mis en place pour soutenir ces systèmes d'information sectoriels ; ce système doit inclure des engagements du gouvernement ainsi que de la communauté du développement et des acteurs du secteur privé.