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La rencontre d'information sur la sécurité alimentaire demande des données plus nombreuses et de meilleure qualité

En novembre 2015, le Réseau d'information sur la sécurité alimentaire (FSIN) et la Commission de l'Union africaine (CUA) ont organisé une consultation technique sur les données pour la résilience de la sécurité alimentaire et nutritionnelle à Addis-Abeba, en Éthiopie. La réunion a porté sur l'augmentation de la disponibilité et de l'utilisation des bons types de données afin d'améliorer la capacité des pays à suivre et à atteindre les objectifs de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Des représentants de 28 pays africains y ont participé, ainsi que des représentants de diverses institutions régionales, de partenaires de développement, d'ONG, d'institutions universitaires et du secteur privé.

Alors que les décideurs politiques de toute l'Afrique ont pris des engagements forts en faveur des initiatives de sécurité alimentaire telles que le PDDAA et les ODD post-2015, il reste nécessaire d'améliorer la collaboration entre les acteurs régionaux et nationaux en matière de collecte de données, de transparence et de partage d'informations. La réunion FSIN-AUC a été divisée en quatre thèmes :

  1. Analyse de la sécurité alimentaire et nutritionnelle : disponibilité, accès et analyse des données ;
  2. Analyse de la résilience : disponibilité, accès et analyse des données ;
  3. Gouvernance des données et capacités institutionnelles ; et
  4. Innovations dans la production, la collecte et le partage des données afin de combler les lacunes nationales et régionales en matière de connaissances.

Dans le cadre du premier thème (analyse de la sécurité alimentaire et nutritionnelle), les participants ont examiné les indicateurs et les méthodes de mesure de la sécurité alimentaire et nutritionnelle existants, en commençant par un aperçu des travaux du groupe en charge de la mesure de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au sein de la FSIN. Ce groupe a examiné 140 indicateurs de sécurité alimentaire et nutritionnelle et a identifié l'Afrique au sud du Sahara comme la région présentant les plus grandes lacunes en matière de données. Le groupe a également souligné que les indicateurs de l'alimentation et de la nutrition ne doivent pas se concentrer uniquement sur les calories afin de saisir les différentes dimensions de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, et qu'ils doivent prendre en compte les besoins spécifiques des différentes populations à chaque étape de la vie. Le groupe a appelé à accorder une priorité élevée à quatre domaines : 1) améliorer les bilans alimentaires nationaux afin de les utiliser comme base pour comprendre la valeur nutritionnelle des différents aliments ; 2) accroître la disponibilité des données sur les prix à tous les niveaux ; 3) améliorer les mesures de la consommation alimentaire, en particulier au niveau des ménages ; et 4) assurer la collecte et l'accessibilité de données anthropométriques fiables.

Les participants à la réunion FSIN-AUC ont soutenu ces recommandations, en soulignant que la pléthore d'indicateurs actuellement utilisés pour analyser la sécurité alimentaire et nutritionnelle complique à la fois la recherche et l'élaboration des politiques ; ces indicateurs doivent être clarifiés et réduits à un ensemble de base des plus utiles. Dans le même temps, les participants ont également souligné que cet ensemble d'indicateurs de base doit également être suffisamment flexible pour prendre en compte les situations locales et nationales et les différents contextes (par exemple, les indicateurs pour les politiques humanitaires en temps de crise par rapport aux indicateurs pour les objectifs de développement à long terme). Les décideurs politiques locaux, nationaux et régionaux doivent jouer un rôle dans la collecte et l'analyse des données afin de mieux comprendre le rôle que jouent les données dans l'élaboration de politiques efficaces ; pour accroître cette participation locale, il faudra améliorer les systèmes de collecte de données et de gestion de l'information de nombreux pays (par exemple, la création d'un organisme ou d'un mécanisme gouvernemental chargé de coordonner la collecte de données relatives à l'alimentation et à la nutrition dans différents secteurs, comme l'agriculture et les services de santé). Les participants ont également appelé à une plus grande coordination entre les politiques régionales et nationales.

Le deuxième thème (analyse de la résilience) a porté sur les efforts existants pour définir et mesurer la résilience. La résilience est un concept relativement nouveau, et il reste donc à en établir une définition claire et commune. Les participants ont souligné que les décideurs politiques et les praticiens du développement doivent être mieux inclus dans les discussions sur la résilience afin de comprendre le concept de manière plus pratique. L'utilisation des efforts de collecte de données sur la résilience et des leçons apprises sera cruciale pour progresser vers une définition plus harmonisée et plus accessible du concept ; par exemple, la classification intégrée de la phase de sécurité alimentaire (IPC) peut offrir un aperçu des défis qu'elle a rencontrés dans la collecte et l'utilisation des données sur la résilience.

La discussion a également présenté une matrice structurellement intégrée d'indicateurs de résilience (SIMIR) comme une plateforme potentielle pour collecter des mesures harmonisées sur la résilience et pour informer les efforts nationaux et régionaux de collecte de données. Les institutions régionales et nationales devront toutes deux jouer un rôle de premier plan dans le développement des capacités des chercheurs et des décideurs politiques à développer et à utiliser une telle plateforme. Il s'agira notamment de dispenser des formations aux experts gouvernementaux et aux partenaires du développement.

Dans le cadre du troisième thème (gouvernance des données et capacités institutionnelles), les participants ont discuté de la manière d'améliorer l'accès aux informations et leur utilisation en renforçant la coordination régionale et nationale et en établissant des normes convenues pour la qualité, la quantité et la diversité des données. L'une des premières questions abordées a été la nécessité de relier les données relatives à l'alimentation et à la nutrition aux données d'autres secteurs, notamment le secteur agricole et le secteur des services de santé. Les efforts déployés par la FSIN au Soudan pour établir une telle plateforme intersectorielle de partage des connaissances ont été présentés comme des pratiques exemplaires à mettre en œuvre dans toute la région. Les participants ont également discuté de l'importance d'inclure les gouvernements locaux et les unités administratives dans les efforts de collecte de données afin d'accroître l'appropriation locale et de permettre une coordination et une prise de décision plus efficaces au niveau local.

De nombreux pays africains, notamment au sud du Sahara, sont confrontés à un manque important de données, même les plus basiques, pour de nombreux indicateurs de sécurité alimentaire, de sécurité nutritionnelle et de résilience. À ce titre, et comme indiqué dans la Déclaration de Malabo en 2014, une première étape dans l'amélioration de la collecte de données et de la gouvernance devrait consister à identifier un ensemble de base minimal d'indicateurs fiables et utiles et à établir au sein de cet ensemble une exigence minimale de qualité. Une fois ces facteurs mis en place, les décideurs politiques devront ensuite être formés pour utiliser correctement ces données afin d'édicter des politiques efficaces. Les bureaux nationaux de statistiques (BNS) doivent également être correctement développés et coordonnés afin d'encourager l'appropriation nationale des données importantes, la transparence et l'accessibilité des données, ainsi qu'une approche plus systématique de la collecte des données.

Enfin, le quatrième thème de la réunion portait sur la manière dont les innovations en matière de collecte, d'analyse et de partage des informations peuvent contribuer à combler les lacunes existantes dans la région. Parmi ces innovations, citons le récent mouvement en faveur des "données ouvertes", c'est-à-dire des données dont l'utilisation et la republication sont libres, les données de télédétection provenant de satellites et les données reçues d'appareils mobiles. L'un des défis associés à toutes ces nouvelles technologies est toutefois qu'elles peuvent parfois donner lieu à une quantité écrasante d'informations, qui ne seront pas toutes pertinentes ou utiles. L'augmentation des volumes de données soulève également des problèmes de sécurité et de confidentialité accrus. Pour relever ces deux défis, il faudra une collaboration accrue entre les secteurs public et privé.

Les participants ont souligné que les besoins des communautés locales doivent également rester une priorité dans les efforts de collecte de données. Les données recueillies doivent être centrées sur ce que les agriculteurs et les populations locales ont besoin de savoir. En outre, des incitations devraient être mises en place pour encourager les communautés locales à partager leurs connaissances.

Dans l'ensemble, la réunion FSIN-AUC a appelé les gouvernements nationaux de toute l'Afrique subsaharienne à renforcer leur engagement en matière de collecte de données, d'analyse et de partage de l'information et à faire le meilleur usage possible des données existantes pour éviter toute duplication des efforts. En outre, les partenaires du développement sont appelés à soutenir les efforts de renforcement des capacités aux niveaux régional et national et à mieux aligner leurs efforts sur les politiques et les priorités des pays.