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Les technologies numeriques conduisent l’Afrique en avant

La technologie numérique était au centre des débats lors du Forum Economique Mondial 2016 sur l’Afrique qui s’est tenu à Kigali au Rwanda du 13 au 15 mai. Le thème du forum était « connecter les ressources de l’Afrique à travers la transformation numérique », un sujet qui devient de plus en plus important à mesure que la population africaine croissante continue d’exercer une pression sur le secteur agricole de la région, sur l’approvisionnement alimentaire et sur les ressources naturelles. Un récent article du Forum Economique Mondial stipule que la croissance agricole peut être au moins deux fois plus efficace pour la réduction de la pauvreté que la croissance dans d’autres secteurs ; il a été prouvé que l’introduction de nouvelles technologies numériques dans les programmes agricoles accélère cette croissance, ce qui en fait un passage important à considérer par les décideurs politiques dans leurs objectifs de sécurité alimentaire et de réduction de la pauvreté.

Selon un blog post publié par le Forum Economique Mondial dans le cadre des préparatifs de l’évènement de la semaine dernière, l’Afrique reste encore derrière le reste du monde en termes d’infrastructures technologiques de base ; seuls 20 pour cent des Africains ont un accès internet et les connexions électriques restent également faibles dans de nombreux pays. En Zambie, par exemple, 50 pour cent de la population a accès à l’électricité ; au Burundi, ce nombre chute à 17 pour cent. Malgré cet écart, cependant, le blog suggère que l’explosion actuelle de l’utilisation de la technologie numérique en agriculture (ce qu’on appelle la “Quatrième Révolution Industrielle” ) possède un potentiel énorme pour le futur développement de l’Afrique, pourvu que les investissements et les politiques adéquates soient appliqués.

D’ici 2050, les plus jeunes populations du monde seront en Afrique, selon les Perspectives de Population Mondiale des NU de 2015 ; cette population jeune bourgeonnante aura besoin de plus d’opportunité d’éducation et d’emploi, en particulier les femmes.

Pour stimuler l’augmentation des emplois, les décideurs politiques devraient se concentrer sur les investissements dans les petites et moyennes entreprises (PME) qui représentent une énorme source d’emplois au niveau mondial ; selon l’article du blog, les PME représentent 78 pour cent des emplois dans les pays à faibles revenus. Créer un environnement favorable pour que de telles  entreprises prospèrent – y compris investir dans des infrastructures physiques et technologiques pour assurer leur accès aux marchés lucratifs, augmenter l’accès au crédit et autres outils financiers et investir dans une main d’œuvre instruite – sera essentiel pour aider les PME à générer des innovations et un développement économique dans la région.

La révolution numérique, et les données qui la guident, exigeront également des financements dans les bureaux statistiques nationaux pour moderniser et augmenter la collecte, la gestion et l’analyse des données, selon un autre article du Forum Economique Mondial publié cette semaine. En particulier, les métadonnées des téléphones mobiles et les images géo spatiales seront particulièrement importantes pour l’Afrique. Les  téléphones mobiles sont une technologie relativement peu coûteuse et leur utilisation est relativement élevée dans la région, avec au moins 50 abonnements de téléphonie mobile pour 100 personnes dans 45 des 54 pays africains. En fait, l’utilisation des téléphones mobiles a dépassé la moyenne mondiale dans 22 de ces pays, selon l’Union Internationale des Télécommunications (UIT). Ce qui fait de la collecte et de la diffusion de données par téléphone mobile une bonne option pour les décideurs politiques et les chercheurs dans la région.

Le potentiel représenté par les téléphones mobiles pour fournir des informations sur la production, le marché et le climat (à travers des messages SMS, des messages vocaux et des applications numériques) a été bien documenté (voir ce blog post sur le sujet dans le Rapport sur la Politique Alimentaire Mondiale de 2013). Cependant, il est crucial que de telles informations soient pertinentes, utiles et compréhensibles par les agriculteurs à qui elles sont destinées. Un article de 2015 dans la revue World Development constate que le nombre d’agriculteurs en Ethiopie qui utilisent le téléphone mobile pour soutenir leurs décisions commerciales est relativement faible, en grande partie à cause d’un manque d’informations sur les prix du marché diffusés à travers les téléphones portables. Cette découverte souligne le fait que l’accès à la technologie, en elle-même, ne suffit pas ; cette technologie doit fournir des informations et des services qui sont utiles aux petits exploitants agricoles d’un point de vue pratique.

Les données géo spatiales telles que celles collectées par HarvestChoice et mises en relief sur la carte de la page d’accueil du PSA [Portail de la Sécurité Alimentaire] de l’ASS permettent aux chercheurs et aux décideurs politiques d’avoir une image détaillée de la pauvreté, de la faim, de la production agricole et de d’autres indicateurs de développement au niveau local et même au niveau des ménages.

Malgré les contraintes auxquelles elles sont confrontées en termes de contenu et de couverture, les technologies basées sur les données sont des outils puissants avec un vaste potentiel pour stimuler le développement économique et social en Afrique. Les décideurs politiques, les acteurs du secteur privé et les organisations de développement international ont tous un rôle à jouer pour encourager et investir dans le développement de ces technologies dans la région. Cependant, la plus importante force motrice pour l’innovation technologique, souligne le Forum Economique Mondial, sera représentée par les Africaines eux-mêmes.