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Réduction du retard de croissance en Zambie

Le retard de croissance (ou le faible niveau de taille pour âge) reste un défi de développement significatif dans la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) le retard de croissance des enfants peut avoir des effets significatifs à long terme, y compris un retard du développement cognitif et physique, une plus grande vulnérabilité face à la maladie et une capacité de production réduite à l’âge adulte.

En Zambie, 1 million d’enfants de moins de 5 ans (45 pour cent) souffrent d’un retard de croissance à cause de la malnutrition chronique causée par le manque d’aliment de qualité et des pratiques inadéquates de santé et de soins dans les 1.000 premiers jours de vie. Réduire ce nombre et améliorer la nutrition globale est devenu une priorité clé du développement, selon le projet RAIN Projet de réalignement de l’agriculture pour améliorer la nutrition coordonné par l’ IFPRI et Concern Worldwide .

Plus spécifiquement, les efforts se sont centrés sur l’intégration des interventions agricoles, sanitaires et nutritionnelles auprès des enfants, de la conception jusqu’à l’âge de 24 mois. De telles interventions visent à améliorer la production agricole au niveau du ménage, augmenter la disponibilité/l’accès à des aliments de grande qualité pour les enfants, et améliorer les pratiques de santé et de nutrition. Cependant, à ce jour, l’efficacité réelle de ces interventions n’a que très peu été évaluée. Pour combler ce manque de connaissance, le projet RAIN a émis un rapport d’évaluation de l’impact qui étudie les impacts du projet sur une diversité d’indicateurs, y compris le retard de croissance, les pratiques alimentaires des nourrissons et des jeunes enfants, la production agricole et les connaissances en nutrition des personnes chargées de s’occuper des jeunes enfants.

Le projet, d’une durée de cinq, ans a été mené à bien dans le District de Mumbwa, où le retard de croissance est encore plus élevé que la moyenne nationale, soit 59 pour cent. En plus de l’IFPRI et de Concern Worldwide , le projet a été mené en partenariat avec : l’Agence de Développement de l’Enfance du District de Mimbwa (MCDA), Woman for Change (WFC), le Ministère Zambien de l’Agriculture et de l’Elevage, le Ministère Zambien de la Santé et le Ministère Zambien du Développement Communautaire, de la Santé Maternelle et Infantile.

Le projet incluait deux types d’intervention : un package « formation agricole et des intrants » et un package  « formation agricole, intrants et formation supplémentaire de promotion des pratiques de santé et de nutrition ». L’évaluation utilise une conception d’évaluation hybride combinant une conception de probabilité de type aléatoire qui compare les deux packages d’intervention RAIN à un groupe de contrôle non randomisé. La taille de l’échantillon couvert par le panel était d’environ 3044 ménages ayant un enfant entre 24 et 59 mois à la fin de l’étude.

Les interventions ont été réalisées à travers des groupements de femmes locaux dirigés par une petite exploitante agricole modèle ( Smallholder Model Farmer - SMF) nommée par son groupe pour recevoir une formation et des intrants qu’elle transmet ensuite au reste du groupe au cours de réunions mensuelles. Les groupements de femmes étaient liés à des Volontaires de la Santé Communautaire ( Community Health Volunteers - CHV) déjà présents sur le terrain pour la mise en œuvre de l’intervention de nutrition et de santé.

Selon le rapport d’évaluation de l’impact, les résultats du projet ont été mitigés. La participation globale au programme a été faible – 31 pour cent dans l’intervention « agriculture uniquement » et 34 pour cent dans l’intervention « agriculture-nutrition ». La participation des SMF aux groupes RAIN a été élevée, environ 90 pour cent, mais la participation des CHV, n’a été que de 38 à 45 pour cent. Ce qui signifie que les ménages qui ont participé avaient plus d’opportunités d’interagir avec les formateurs agricoles qu’avec les formateurs en santé et en nutrition.

En termes de retard de croissance, les interventions n’ont pas eu d’impact perceptible. Bien que le retard de croissance ait baissé dans les trois groupes d’étude (les deux groupes d’intervention et le groupe de contrôle) entre le début et la fin de l’étude, le groupe de contrôle a connu une baisse sensiblement plus importante. De même, l’évaluation n’a trouvé aucun impact attribuable au programme sur les pratiques ANJE ; l’exception est la consommation de haricots/noix, qui s’est révélée plus élevée dans les deux groupes d’intervention que dans le groupe de contrôle.

Les connaissances en santé et en nutrition ont également très peu évolué suite au programme. Les connaissances ANJE ont augmenté avec le temps à travers les groupes, à l’exception des connaissances sur l’allaitement maternel basé sur la demande de l’enfant et l’allaitement continu si la mère est malade. Les connaissances concernant l’allaitement en général étaient moindres dans le groupe « agriculture uniquement » que dans le groupe de contrôle, mais les connaissances sur le moment idéal pour introduire les aliments complémentaires étaient sensiblement supérieures dans le groupe « agriculture-nutrition » que dans le groupe de contrôle. Les connaissances sur l’hygiène (y compris les pratiques de lavage des mains, de consommation d’eau potable et de protection des enfants contre les vers) variaient significativement selon les différents groupes à la fin de l’étude, ces différences n’étaient pas toujours attribuable à un seul groupe d’étude ou aux interventions du projet RAIN.

Les impacts du programme sur la production agricole ont été plus positifs. Le groupe « agriculture uniquement » et le groupe « agriculture-nutrition » ont connu de plus grandes augmentations (dans le nombre total d’aliments produits, le nombre total d’activités agricoles engagées par les ménages, et le nombre de mois durant lesquels des aliments riches en vitamines A et des produits laitiers ont été produits) que dans le groupe de contrôle. Ces augmentations montrent que les interventions ont effectivement eu un impact positif sur la disponibilité et l’accès à une offre à l’année de divers aliments nutritifs au niveau des ménages.

Plusieurs explications peuvent être avancées pour ce manque de résultats cohérents. La faible couverture du programme est la première explication potentielle. Les groupements locaux de femmes ont formé le principal canal à travers lequel les interventions RAIN ont été menées à bien, mais seul un tiers des ménages éligibles dans un district a déclaré avoir participé au programme à travers un tel groupe. De plus, les visites à domicile des SMF et des CHV étaient peu nombreuses, résultant en un manque de formations individuelles qui auraient pu booster le succès du programme.

Comme cela a été noté, les SMF étaient généralement plus actives dans le programme, à la fois à travers les groupements de femmes et à travers les visites à domicile. Ceci pourrait expliquer pourquoi les résultats agricoles ont connu une meilleure progression que les résultats en santé et en nutrition. Les SMF étaient probablement plus actives et plus impliquées parce qu’elles recevaient de meilleures incitations de la part du programme (à travers la fourniture d’intrants agricoles) que les CHV, qui n’ont reçus des incitations similaires que bien plus tard dans le déroulement du programme.  De plus, le poste de SMF a été créé spécifiquement  pour le projet RAIN, ce qui signifie que l’information que ces dernières ont fournie était nouvelle ; alors que les CVH existaient déjà dans la communauté et avaient apparemment déjà communiqué leurs messages de santé et de nutrition auparavant.

De même, la conception du programme n’a pas permis d’identifier les fuites informelles des composantes secondaires de l’intervention, telles que les intrants agricoles et les connaissances fournies par le personnel n‘appartenant pas au programme, parmi les pairs et les parents à travers les groupes d’étude. De plus, l’évaluation ne permet pas de rendre compte de l’impact des améliorations des services de santé du gouvernement à travers le district, étant donné que ces services étaient disponibles pour les deux groupes d’intervention et pour le groupe de contrôle et étant donné que les connaissances ANJE se sont améliorées à travers tous les groupes pendant la période d’étude. Un meilleur accès et une meilleure utilisation des services de nutrition à travers les cliniques de santé du gouvernement pourraient améliorer les connaissances en santé et en nutrition des ménages ainsi que les pratiques d’alimentation des enfants.

Bien que les résultats du programme soient mitigés, le rapport indique cependant que l’impact des interventions RAIN sur la production agricole en Zambie est notable et pourrait alimenter la conception et la mise à niveau de futurs programmes.