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Agenda scientifique en Afrique: devenir le grenier du monde

La 7 ème Semaine Scientifique Agricole en Afrique (SSAA) et l’Assemblée Générale du Forum pour la Recherche Agricole en Afrique (FRAA) se sont tenues du 13 au 16 Juin à Kigali, Rwanda. L’évènement, organisé tous les trois ans, rassemble des intervenants clés de la science, de la technologie et de l’innovation agricole en Afrique en vue de coordonner des stratégies visant à accélérer le développement économique et social de la région.

Le thème de cette année, Science appliquée, impact sur les moyens de subsistance , était axé autour de cinq sous-thèmes : 1) systèmes institutionnels et politiques permettant d’appliquer efficacement la science à l’agriculture africaine ; 2) croissance durable de la productivité, chaînes de valeur et entreprises agroalimentaires rentables ; 3) développement du capital humain et de la jeunesse ; 4) financement durable de la science, de la technologie et de l’innovation pour l’agriculture africaine ; et 5) mégatendances dans l’agriculture africaine.

Ces thèmes reflètent les objectifs de l’agenda scientifique de l’Afrique développé par le FRAA, lequel agenda vise à assurer « la sécurité alimentaire de l’Afrique et en faire le grenier du monde ainsi qu’un catalyseur de changement scientifique au niveau mondial d’ici à 2030 ».

L’agenda scientifique a été établi dans le cadre de la Déclaration de Malabo de 2014 et en soutien du cadre du PDDAA, en gardant à l’esprit que la science et la recherche fondée sur des preuves devraient être les moteurs de la transformation agricole et économique de l’Afrique et que les scientifiques et décideurs politiques africains devraient s’approprier les progrès scientifiques de la région. L’agenda fournit des directives permettant de :

  • Identifier les grands domaines scientifiques à développer en partenariat avec les intervenants majeurs de la région ;
  • Faciliter la transformation et l’expansion des institutions scientifiques et technologiques nationales ;
  • Renforcer les capacités humaines à tous les niveaux ;
  • Augmenter les financements provenant des diverses sources pour soutenir la science ;
  • Aligner les actions et les ressources à travers les intervenants pour assurer le rapport coût-efficacité et l’impact ;
  • Faciliter des partenariats efficaces parmi des institutions africaines mandatées aux niveaux sous régional et régional, et entre ces acteurs et les partenaires extérieurs ; et
  • Partager les informations, les technologies, les infrastructures et le personnel entre les intervenants sous régionaux et régionaux dans la prise en compte des défis et la poursuite des opportunités communes.

 

L’agenda souligne le besoin de connecter la science aux défis et opportunités présentés par le secteur agricole en Afrique. A mesure que la population mondiale continue à tendre vers les 9 milliards de personnes d’ici 2040, les ressources naturelles inexploitées de l’Afrique ont le potentiel de faire de la région le fournisseur agroalimentaire mondial. Le défi sera de produire des aliments plus sûrs et plus nutritifs en utilisant moins d’eau et moins de produits chimiques et aussi de produire moins de déchets et d’émissions de gaz à effet de serre, selon le rapport diagnostic de l’agenda scientifique du FRAA.

Pour que la région puisse atteindre ces objectifs, il faudra que la recherche soit centrée sur : la production agricole durable, l’amélioration des chaînes de valeurs alimentaires et des pratiques de sécurité alimentaire, la conservation de la biodiversité, la gestion appropriée des ressources naturelles, l’atténuation/adaptation face au changement climatique et l’urbanisation. Ces thèmes de recherche inciteront chaque pays à établir sa propre stratégie pour augmenter et améliorer la science et la recherche agricole, et à mieux connecter la recherche, l’éducation et les services de consultance agricole.

Pour améliorer les capacités scientifiques et la recherche en Afrique, il faudra, d’une part, une augmentation des financements, et d’autre part, des environnements politiques favorables aux niveaux local, national et régional. Le rapport suggère que des fonds peuvent être générés à partir des agences internationales et des gouvernements étrangers, ainsi qu’à partir des économies africaines elles-mêmes en pleine croissance. Dans le même temps, les législations et les régulations au sein de la région devraient soutenir les mesures de biosécurité, la régulation et le contrôle des semences ainsi que le droit sur la propriété intellectuelle, afin d’assurer un environnement transparent et équitable favorable aux activités scientifiques. Les questions et le langage scientifiques devraient également être mieux communiqués afin d’alimenter le processus de prise de décisions politiques ; pour ce faire, il faudra améliorer la coordination et la coopération entre les chercheurs et les leaders des gouvernements. Enfin, le rôle des femmes et des jeunes doit être renforcé et protégé afin d’assurer l’aspect inclusif du progrès scientifique dans la région.

Le FRAA souligne également le besoin d’améliorer la coopération régionale ; par exemple, à travers le travail de l’ Association pour le renforcement de la recherche agricole en Afrique de l’Est et du Centre (ASARECA) , le Conseil de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour la Recherche Agricole et le Développement (CORAF/WECARD) , et le Centre pour la Coordination de la Recherche Agricole et du Développement en Afrique Australe (CCARDESA) . Les institutions mondiales telles que le CGIAR - Consortium de Centres Internationaux de Recherche Agricole devraient également être considérés comme des partenaires clés.