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Au Nigeria, les conflits incessants menacent l'accès à la nourriture

Le Ministre nigérian de la Santé a décrété une « situation d’urgence nutritionnelle » au nord-est du Nigéria alors que les conflits continuent à limiter l’accès aux produits alimentaires, à l’eau et aux services de santé, selon une alerte de FEWS Net.

Le conflit entre les forces armées nigérianes et le groupe Boko Haram dure depuis 2012, avec des affrontements concentrés dans la région nord-est et autour du Lac Tchad, particulièrement dans l’Etat de Borno. Le conflit a eu un impact significatif sur les moyens de subsistance, les marchés et les réponses humanitaires dans la région et a sévèrement limité l’accès aux aliments à la fois pour les résidents et pour les populations déplacées. La baisse de la valeur du naira nigérian a encore compliqué la situation, créant une augmentation des prix des produits alimentaires même dans des zones où les ménages ont un meilleur accès au marché.

En mars 2016, le Cadre Harmonisé (le protocole de classification de la sécurité alimentaire utilisé en Afrique de l’Ouest, établi sur le modèle du Cadre Intégré de Classification de la Sécurité Alimentaire (IPC) mondialement reconnu) a estimé que plus de 3 millions de personnes étaient en Phase 3 ou plus d’insécurité alimentaire (Crise) et avaient besoin d’une aide humanitaire d’urgence. Cinq missions d’évaluation rapide menées  conjointement par le Gouvernement du Nigéria, le PAM, l’OIM, les NU et la MSF en juin dans la ville de Bama, qui héberge actuellement une grande population de personnes déplacées, ont confirmé une malnutrition visible chez les enfants et chez les adultes ; les aliments et l’eau sont extrêmement rares, les services de santé très limités et on note un manque de marchés fonctionnels. Des taux de mortalité élevés, principalement à cause de la malnutrition et de la diarrhée, ont aussi été constatés dans la zone.

Bien que les informations du nord-est du Nigéria soient limitées et non représentatives statistiquement, le rapport indique que les preuves disponibles et l’éloignement qui empêche les travailleurs humanitaires d’accéder à certaines zones suggèrent que la région est actuellement en situation d’insécurité alimentaire d’urgence (Phase 4) et que des conditions de niveau famine (Phase 5) peuvent exister dans les zones les plus touchées. Ainsi, l’aide humanitaire à la fois pour les populations de résidents et pour les déplacés devrait être intensifiée, en particulier pour la prestation des services alimentaires, sanitaires et nutritionnels, et l’assistance WASH. Le soutien aux moyens d’existence sera aussi nécessaire pour aider les populations à reconstruire et regagner un accès au marché. Enfin, la situation exige une collecte continue de données liées à la sécurité alimentaire, la nutrition et la mortalité, afin que les décideurs politiques aux niveaux national et mondial comprennent l’étendue et la gravité de l’insécurité alimentaire dans le pays.