Article du Blog

Indicateurs de développement dans le monde 2016

Les indicateurs de développement dans le monde se sont constamment améliorés au cours des 25 dernières années ; globalement, la proportion de personnes vivant dans la pauvreté extrême a baissé de 37,1 pour cent en 1990 à 12,7 pour cent en 2012. Malgré cela, plusieurs indicateurs restent alarmants ; par exemple, le pourcentage de malnutrition infantile/retard de croissance est actuellement de 23,8 pour cent.

La Banque Mondiale a récemment publié le Rapport 2016 sur les Indicateurs de Développement du Monde (WDI). Le rapport est axé sur la progression vers les Objectifs de Développement Durable, comme il l’était sur les Objectifs de Développement du Millénaire. Le rapport inclut une série d’indicateurs qui sont conçus pour mesurer les 169 cibles des 17 Objectifs de Développement Durable (ODD). Ce rapport est le résultat d’un partenariat collaboratif entre les agences internationales et les bureaux statistiques de plus de 200 pays. Il est particulièrement pertinent pour comprendre la situation de la sécurité alimentaire, étant donné que la plupart des ODD sont liés à l’agriculture et à la nutrition.

Concernant l’ODD1 (Éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde), le rapport souligne que si les taux de croissance continuent sur les tendances récentes, la pauvreté extrême ne baissera que de 4 pour cent d’ici 2030, manquant la cible de cet ODD. Le rapport suggère que les programmes de protection sociale ont un rôle significatif à jouer pour surmonter la pauvreté et la faim, spécialement en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud. Actuellement, seule une personne sur cinq reçoit un ou plusieurs types de prestations sociales dans les pays à faibles revenus.

En ce qui concerne l’ODD2 (Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable), le rapport souligne que la part de la population mondiale souffrant de la faim a baissé de 19 pour cent à 11 pour cent au cours des 25 dernières années ; mais au vu des tendances actuelles, les objectifs de 2030 ne seront pas atteints. Le rapport souligne que l’amélioration de la productivité agricole des ménages pauvres sera essentielle pour mettre un terme à la faim d’ici 2030, étant donné que les changements en pauvreté et en malnutrition sont étroitement liés aux changements en termes de productivité agricole, et plus particulièrement en termes de rendements des céréales. Dans les périodes de stagnation de la croissance de la productivité agricole, comme ce fut l’expérience des pays à faibles revenus de 1990 à 1999, les populations pauvres ont vu peu d’améliorations dans les richesses et dans la santé nutritionnelle. Au contraire, entre 2000 et 2012, le taux moyen de croissance annuelle des rendements des céréales dans les pays à faibles revenus était de 2,6 pour cent, alors que la pauvreté et la malnutrition ont baissé de 2,7 pour cent par an dans la même période. Un schéma directionnel similaire existe pour les pays à revenus faibles et intermédiaires, bien que l’impact proportionnel varie. D’ici 2030, la croissance de la population, et donc la demande alimentaire, devraient augmenter principalement dans les parties les plus pauvres du monde. Ces régions sont aussi celles où la productivité agricole est la plus faible et où la vulnérabilité face au changement climatique est élevée ; il est donc essentiel de promouvoir et de réaliser des changements significatifs dans la productivité agricole de ces pays.

L’ODD 6 (Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau) est directement pertinent pour la nutrition et le secteur agricole étant donné que le secteur agricole compte pour plus de 70 pour cent de l’utilisation mondiale de l’eau douce et que la concurrence pour l’eau est en constante augmentation. Actuellement, le Moyen Orient, l’Afrique du Nord et l’Asie du Sud sont classés « régions de stress hydrique », avec moins de 1.700 mètres cubes d’eau disponible par an et par personne. Le rapport prédit que d’ici 2050, pour nourrir une planète de 9 milliards de personnes il faudra une augmentation de 15 pour cent  des prélèvements de l’eau pour l’agriculture. Ces statistiques illustrent la nécessité d’augmenter les efforts pour utiliser l’eau de manière efficace.

Les ODD 12, 13 et 15 sont directement centrés sur l’adaptation et l’atténuation du changement climatique et sont directement pertinents pour la sécurité alimentaire. 2015 a été l’année la plus chaude enregistrée au niveau mondial ; les changements en termes de température et de précipitations, qui se produisent déjà, présentent des risques substantiels pour l’agriculture, l’approvisionnement en eau, l’alimentation et les écosystèmes, et sont susceptibles d’affecter plus durement les pays à revenus faibles et intermédiaires. L’ODD 13 appelle à une plus forte résilience et à une capacité d’adaptation face aux risques liés au climat et aux catastrophes naturelles, à l’intégration des mesures de lutte contre le changement climatique dans un plan national, à une éducation améliorée, au renforcement des capacités et à la mobilisation de ressources durables pour répondre aux besoins des pays à revenus faibles et intermédiaires. Concernant le financement de la lutte contre le changement climatique, le financement provenant de sources publiques et privées des pays à revenus élevés à faibles – dont une partie est utilisée pour des projets agricoles d’adaptation et d’atténuation – a augmenté d’environ 52,2 milliards de dollars US en 2013 à 61,8 milliards de dollars US en 2014.

En ce qui concerne l’ODD 12 (Établir des modes de consommation et de production durable), le rapport suggère que le changement des schémas de la consommation joue également un rôle important dans l’atténuation du changement climatique. Par exemple, le rapport estime qu’un tiers de tous les aliments produits est perdu ou gaspillé, une quantité qui serait suffisante pour éliminer la faim. Bien que l’étendue des pertes alimentaires varie grandement selon les groupes de revenus et selon les régions, minimiser les pertes alimentaires dans tous les pays peut contribuer à éliminer la faim et à réduire les impacts du changement climatique. En Afrique Sub-saharienne, l’équivalent de 414 calories par personne est perdu par jour, principalement pendant le processus de production, de gestion et de stockage.

L’ODD 15 (Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité) est indirectement lié au secteur agricole, étant donné que la santé des écosystèmes est liée à la productivité agricole. La perte de terres agricoles potentielles et existantes – à cause de la sécheresse, des inondations et de la dégradation des terres – affecte un grand nombre de populations du monde pauvre, dont beaucoup dépendent de l’agriculture pour leur subsistance et leur alimentation. Le rapport estime que la dégradation du sol affecte 52 pour cent des terres agricoles ; et les terres arables se perdent à une vitesse de 30 à 35 fois le taux historique. La sécheresse et la désertification entraînent des pertes annuelles de 12 millions d’hectares de terres arables, sur lesquelles 20 millions de tonnes de céréales pourraient être cultivées. D’une manière générale, le rapport appelle à la mise en œuvre de pratiques de gestion durable et intégrée des terres et de l’eau.

Le rapport couvre également un certain nombre de questions transversales, notamment : la capacité statistique, l’inclusion et la fragilité financière, les conflits et la violence. Concernant les capacités statistiques, le rapport souligne que la capacité à mesurer la progression du développement est en constante amélioration et permettra de concevoir et de mettre en œuvre des interventions visant à atteindre les ODD. Concernant l’inclusion financière, le rapport souligne qu’entre 2011 et 2014, la part d’adultes possédant un compte dans une institution financière a augmenté de 51 pour cent à 61 pour cent. Ce progrès significatif renforce les capacités des agriculteurs et des petites entreprises agroalimentaires en leur permettant de réaliser des investissements productifs.

Concernant le conflit et la violence, le rapport souligne qu’environ un cinquième de la population mondiale vit dans une situation fragile, conflictuelle ou violente, et stipule que le progrès vers chaque ODD sera sévèrement impacté dans des régions affectées par la fragilité, les conflits et la violence. La sécurité alimentaire des personnes vivant dans ces zones est menacée, étant donné que la fragilité et les conflits peuvent rapidement démanteler les réalisations du développement (telles que les augmentations de la productivité agricole) et réduire la capacité d’accès aux besoins de base.

La base de données du WDI peut être consultée ici.

Le tableau de bord  des données des Objectifs de Développement Durable fournit une présentation interactive des indicateurs de la base de données du WDI qui sont reliés à chaque objectif de développement.

Par: Bas Paris