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CAI qui fonctionne pour les agriculteurs

Ces dernières années, l’Afrique Australe a été très fortement touchée par la sécheresse , avec de nombreux domaines confrontés à une augmentation de l’insécurité alimentaire et de nombreux pays ayant déclaré l’état d’urgence nationale. Selon les chercheurs du Centre Technique pour la Coopération Agricole et Rurale (CTA) , ces conditions de sécheresse pourraient devenir « la norme » en Afrique australe. Si tel est le cas, les producteurs de céréales et les éleveurs de la région auront besoin d’aide pour renforcer leur capacité de résilience et adapter leur production aux nouvelles conditions de sécheresse.

Un récent rapport du CTA intitulé Solutions climatiques convenables pour les agriculteurs étudie une série de techniques et de politiques existantes d’agriculture intelligente face au climat qui ont fait leurs preuves en aidant les agriculteurs à travers l’Afrique sub-saharienne à s’adapter au changement climatique. Les techniques en questions sont, entre autres : les pratiques abordables de gestion et de conservation de l’eau ; l’adoption de variétés de cultures plus résistantes à la sécheresse ; l’adoption de cultures de fourrage par les producteurs de bétail ; l’utilisation des TIC pour diffuser les informations climatiques et météorologiques ; et l’extension des produits d’assurance basés sur le climat. Le rapport fait également une distinction importante entre l’aide traditionnelle en cas de sécheresse (apporter de l’aide aux agriculteurs qui ont déjà perdu leurs cultures) et l’aide à la production (aider les agriculteurs à changer leurs techniques de production pour éviter la perte des cultures, même pendant les périodes de sécheresse), présentant l’argument d’une transition nécessaire vers le dernier type de programme.

Le District de Rakai au sud de l’Ouganda est un exemple de l’application efficace des techniques de gestion de l’eau. En effet, les agriculteurs de ce district ont réussi à intensifier leur utilisation de la collecte d’eau traditionnelle. Des remblais en pierre ou en terre sont utilisés pour réduire le ruissellement des eaux de pluie ; ceci aide à retenir l’humidité dans le sol, réduit l’érosion et les inondations et augmente la fertilité des sols. Les chercheurs ont également montré que l’utilisation de ces remblais a augmenté le rendement des cultures de grande valeur ajoutée comme les bananes.

Au cours des deux dernières décennies, au nord du Kenya, la sécheresse a entraîné des pertes sévères de bétail et des pénuries alimentaires au sein de la communauté pastorale. Par conséquent, le gouvernement a encouragé les producteurs de bétail à commencer à cultiver leur propre fourrage, plutôt que de compter sur le pâturage ou le fourrage importé, pour aider à nourrir leurs troupeaux pendant les périodes de sécheresse. Les chercheurs ont montré que parmi les 250 producteurs de bétail répartis dans 18 villages, la production de fourrage local a augmenté les taux de survie du bétail ainsi que la production de lait.

En Zambie, le développement de nouvelles variétés de sorgho a aidé les agriculteurs à mieux gérer les évènements climatiques extrêmes. Le sorgho a des racines plus profondes que d’autres cultures traditionnelles comme le maïs qui lui permettent de mieux capter et retenir l’humidité du sol ; il pousse aussi bien dans des conditions d’inondation que dans des conditions de sécheresse et il a besoin de peu d’engrais. Entre 2007 et 2011, l’Institut de Recherche Agricole de la Zambie a fourni plus de 20 variétés différentes de sorgho à 2.714 agriculteurs, ce qui a permis à plusieurs d’entre eux d’augmenter leur productivité et leurs revenus. Dans une des régions étudiées, les rendements du sorgho ont augmenté pendant la période d’étude, passant de 1,7 tonne par ha à 4,5 tonnes par ha.

L’utilisation efficace des TIC dans le cadre des techniques d’agriculture intelligente face au climat est illustrée par un service de conseil agricole et climatique piloté au Kenya et en Ethiopie par la Banque Mondiale et d’autres intervenants clés (agences de vulgarisation, organisations de recherche et groupements d’agriculteurs). Le programme envoie des informations géo-référencées aux agriculteurs concernant le meilleur moment pour mener à bien diverses activités agricoles telles que la plantation des cultures de bases comme le maïs, les haricots et le sorgho. Les informations sont envoyées via un message texte, des bulletins d’information et la radio locale. La recherche a montré que les rendements des agriculteurs qui ont tiré profit de ce service étaient de 30 pour cent supérieurs à ceux des agriculteurs qui n’avaient pas reçu l’information. Bien que d’autres facteurs puissent être engagés, ces rendements élevés suggèrent que la diffusion d’informations agricoles via les TIC peut avoir un impact significatif sur la productivité.

Pour aider les communautés pastorales sujettes à la sécheresse au nord Kenya et au sud de l’Ethiopie, l’Institut International de Recherche sur le Bétail a lancé un produit d’assurance indicielle du bétail en 2010 ; dans ce programme, les demandes sont basées sur la disponibilité du fourrage. Les niveaux de fourrage sont déterminés via imagerie satellite et les éleveurs sont payés quand le fourrage baisse en dessous d’un certain niveau. La recherche a montré que les ménages qui utilisent le produit d’assurance augmentent leurs investissements dans les services vétérinaires et de vaccination, produisent davantage de lait et perçoivent des revenus plus élevés. L’utilisation du produit d’assurance indicielle réduit également de 30 pour cent la probabilité pour les ménages de vendre leur bétail à bas prix à cause du choc climatique et de 25 pour cent la probabilité de sauter des repas pendant les périodes de sécheresse.

Le rapport souligne que toutes ces techniques peuvent aider les cultivateurs de céréales et les éleveurs à renforcer leur résilience face aux chocs climatiques – mais seulement si les agriculteurs sont informés et ont accès à ces techniques. Dans de nombreux pays en ASS, les services de vulgarisation agricole sont limités, tout comme l’engagement du secteur privé dans le secteur agricole. Par conséquent, de nombreux agriculteurs ne sont toujours pas informés sur les techniques de l’agriculture intelligente face au climat ou sont incapables de les mettre en pratiques. Pour intensifier efficacement les programmes d’agriculture intelligente face au climat, il faudra : assurer un meilleur accès aux intrants agricoles tels que les variétés de semences améliorées ; augmenter l’accès au crédit ; augmenter les investissements dans les infrastructures telles que les stations climatiques ; augmenter et améliorer la collecte de données pour surveiller les cultures et les conditions climatiques ; et augmenter les opportunités d’éducation et de partage des connaissances pour former les agriculteurs sur l’utilisation de ces programmes.