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El Niño: impacts à long terme sur le développement

Le cycle El Niño 2015-2016 a eu des effets dévastateurs dans de nombreuses régions en développement, y compris en Afrique sub-saharienne. Selon un nouveau rapport du bureau des NU pour la Coordination des Affaires Humanitaires, El Niño a touché 60 millions de personnes à travers le monde et 23 pays ont émis des plans d’intervention coûtant plus de 5 milliards de dollars US en termes de financement national et d’aide internationale.

El Niño a entraîné la dégradation et la perte des récoltes dans de nombreuses zones, obligeant les ménages vulnérables à vendre leurs biens et à se priver de repas. En Afrique sub-saharienne, les appels à l’aide humanitaire pour aider les agriculteurs et les ménages ruraux à gérer les pertes de moyens de subsistance et l’insécurité alimentaire ont été particulièrement soutenus. Par exemple, l’Ethiopie a demandé  1,6 millions de dollars US pour assister jusqu’en décembre 2016 9,5 millions de personnes touchées par la sécheresse en cours. De même, le Zimbabwe a récemment augmenté sa demande d’aide pour couvrir 1,3 millions de personnes supplémentaires, selon le rapport.

Bien que le Centre de Prédiction Climatique des USA prévoie des conditions climatiques neutres (c’est-à-dire aucun cycle, ni El Niño ni La Niña) pour le reste de l’année 2016 et le début de 2017, les dégâts déjà causés aux cultures et aux moyens de subsistance auront probablement des impacts à long terme sur le développement. Le rapport en souligne plusieurs, y compris : l’augmentation des maladies d’origine hydrique causées par les inondations ; l’augmentation de la malnutrition causée par la perte des récoltes ; le déplacement de nombreuses populations et l’interruption subséquente des services de santé et d’éducation ; et l’augmentation de la concurrence et des conflits autour des rares ressources telles que l’eau potable et les pâturages.

Le rapport fourni également un aperçu régional pour plusieurs régions les plus durement touchées par le dernier évènement climatique ; y compris l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe.

En Afrique de l’Est , l’Ethiopie, la Somalie et le Soudan comptent parmi les plus affectés. En Ethiopie, les pluies d’été qui ont débuté en juin ont allégé les conditions de sécheresse dans certaines zones (mais pas toutes) du pays, et FEWS Net estime que la récolte d’octobre sera proche de la moyenne nationale. Cependant, au cours de l’année écoulée, l’Ethiopie a été confrontée à la fois à des sécheresses sévères et à des inondations sévères ; les deux phénomènes devraient perdurer avec l’apparition des conditions climatiques associées à La Niña en mi-2017, selon le rapport. Ces conditions climatiques ont diversement affecté de nombreuses populations du pays. Par exemple, les fortes pluies d’août ont affecté plus de 771.000 personnes à travers sept régions, limitant l’accès à l’eau potable et augmentant la propagation de la diarrhée. Pendant ce temps, la sécheresse dans d’autres zones du pays a limité les récoltes de printemps et augmenté les prix des aliments , précipitant de nombreux ménages pauvres dans l’insécurité alimentaire. Le nombre de personnes à travers le pays qui auraient besoin d’aide humanitaire est de 9,7 millions, pour un total de 1,6 milliards de dollars US d’ici décembre 2016, selon le rapport. A partir de septembre, 63 pour cent de ce montant a été financé à travers une combinaison de fonds gouvernementaux et de fonds provenant des partenaires humanitaires.

En Afrique australe , El Niño a généré des conditions de sécheresse prolongée, des mauvaises récoltes et des pertes de cultures. Par conséquent, les prix des aliments ont augmenté, réduisant le pouvoir d’achat des ménages pauvres et entraînant des déplacements massifs de nombreuses populations à la recherche d’emploi, d’aliments et d’eau. Au Malawi, la production de maïs a été inférieure à la moyenne dans les régions australes et centrales. Selon le rapport, il en a résulté une augmentation des prix du maïs et un accès encore plus limité aux aliments pour les ménages les plus pauvres qui utilisent principalement le maïs comme base de leur alimentation principale. L’insécurité alimentaire aigüe devrait perdurer jusqu’en octobre, suite aux prix élevés du maïs et au manque d’opportunités génératrices de revenus. Le rapport estime qu’environ 6,5 millions de personnes au Malawi auront besoin d’aide humanitaire jusqu’en mars 2017. La sécheresse a aussi affecté le Zimbabwe, causant de mauvaises récoltes, diminuant l’accès à l’eau et forçant les ménages pauvres à se baser sur le marché pour leur approvisionnement alimentaire. La production agricole en baisse a également entraîné une baisse du pouvoir d’achat des ménages ruraux. Selon le rapport, les ménages dirigés par des femmes sont plus vulnérables aux stratégies d’adaptation négatives qui consistent à se priver de repas ou à vendre des biens. (Pour plus d’informations sur les inégalités de genre dans la résilience, lisez les articles suivants Les femmes malawites confrontées aux obstacles de l’AIC et La dimension genre dans l’adaptation au changement climatique.) Selon les conclusions du Comité d’Evaluation de la Vulnérabilité du Zimbabwe, coordonné par le Conseil sur l’Alimentation et la Nutrition du Gouvernement du Zimbabwe, jusqu’à 4,1 millions de personnes vont demeurer dans une situation d’insécurité alimentaire au cours de la prochaine saison de pénurie alimentaire, qui devrait durer de janvier à mars 2017.

Le rapport souligne que le cycle El Niño 2015-2016 pourrait affecter le développement (y compris la nutrition, l’éducation, la santé et les revenus) dans les zones rurales pauvres sur le long terme et ainsi exiger une stratégie à long terme, et non pas uniquement une aide alimentaire d’urgence à court terme.